Appel à communication

Appel à communications 29e Journées Du Longitudinal (PDF)

 

Appel à communications 29e Journées Du Longitudinal, 24-25 juin 2024 à Aix-en-Provence

Crises et transitions : quelles données pour quelles analyses ?

Organisées par le Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST, UMR 7317), les 29e Journées du Longitudinal se tiendront les 24 et 25 juin 2024 à la Faculté d’économie et de gestion d’Aix-Marseille Université. Les actes, publiés dans la collection Céreq Echanges et diffusés sur le site du Céreq et OpenEdition, seront disponibles pour les journées.

 

L'approche longitudinale est un mode de prise en compte du temps qui consiste à utiliser des données, entre autres individuelles, susceptibles de fournir des informations à différentes dates pour chaque entité. Différentes méthodes sont développées pour les traiter. Elles consistent à décrire et à analyser les parcours d’individus, de groupes sociaux, qu’ils résultent d’interrogations répétées ou qu’ils soient reconstitués rétrospectivement, à partir de données existantes, par exemple de nature administrative, ou d’enquêtes originales. Les Journées du Longitudinal (JDL) rendent compte (presque) chaque année, et ce depuis 30 ans, des investigations de sciences sociales mobilisant une telle approche pour l'analyse de l’évolution des mondes du travail, des transitions et des parcours professionnels (notamment en début de vie active) en inter action avec les parcours de vie, notamment la conjugalité et la parentalité. Pour cet anniversaire et poussé·es par l’actualité, nous proposons, de considérer ces parcours à une plus grande diversité d’échelles.

Dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, dépassement des limites des ressources planétaires, aggravation des inégalités sociales ou encore multiplication des risques sanitaires sont des phénomènes qui sont aujourd’hui qualifiés de crises majeures. Dans un tel contexte d’incertitudes, nos sociétés et les individus qui les composent sont confrontés à des défis complexes à tous les niveaux. Qu’elles soient d’ordre écologique, climatique, économique, sociale, migratoire, sanitaire ou encore technologique, ces crises ne constituent jamais des événements isolés, mais plutôt des phénomènes interconnectés ayant des répercussions du niveau le plus global à celui le plus individuel ou personnel. Elles produisent des impacts durables sur nos sociétés et imposent des transformations profondes, nécessitant des phases de transitions écologiques et sociales qui remettent en question les schémas traditionnels de pensées et d’actions, les normes sociales. Elles bousculent et obligent les individus et les collectivités à s'adapter et à évoluer, voire font basculer les paradigmes établis, en particulier en sciences sociales.

Au cœur de ces mutations se trouvent les trajectoires éducatives, professionnelles et extra-professionnelles. Les choix éducatifs, les aspirations professionnelles, les opportunités d'emploi, les parcours sur le marché du travail et les parcours de vie se font dans un environnement de crises et d’incertitude. En particulier, les transitions de l’école à l’emploi et les déroulements de carrière et l’accession à des positions sociales sont affectés à la fois par les crises sociétales et par la manière dont les individus les perçoivent et anticipent leurs effets en remettant en question leurs choix. Cette réalité complexe soulève des questions sur la manière dont les crises et les transitions façonnent nos vies et sur la façon de saisir empiriquement les phénomènes en présence. Réciproquement, comment l’analyse longitudinale de la relation formation-emploi, traditionnellement au cœur des JDL, peut-elle enrichir la compréhension de la manière dont ces crises et ces transitions affectent les parcours éducatifs et professionnels des individus ?

Ces enjeux de transitions sont profondément transverses et nécessitent des analyses pluridisciplinaires, où la sociologie interagit avec l’économie, les sciences de gestion, mais aussi la démographie, la géographie, les sciences de l’éducation ou les sciences politiques.

Cette 29e édition des JDL vise à explorer en profondeur ces crises et transitions, qu'elles soient d'envergure globale, locale ou biographique. Il s’agira d’apporter des clés de compréhension en éclairant la diversité des modes d’action, du niveau individuel et familial, au niveau intermédiaire des réseaux personnels et organisationnels, jusqu’au niveau le plus global, enjeu majeur des sciences humaines et sociales. Il s’agit de penser ensemble les crises et les recompositions des parcours et des marchés du travail et de s’intéresser aussi aux types de données qui permettent de saisir la multi-dimensionnalité des éléments constitutifs de ces trajectoires éducatives et professionnelles. D’un point de vue méthodologique, l’ouverture à ce thème est aussi l’occasion d’interroger la complémentarité des données d’enquêtes et des données administratives, de mettre en évidence les atouts et limites de chacune. L’analyse des trajectoires montrera aussi l’intrication des dimensions objectives et subjectives. Ces journées sont ainsi l’occasion d’insister sur l’intérêt de croisements disciplinaires, thématiques et des matériaux, qu’ils soient de nature quantitative ou qualitative, issus d’enquêtes ou de données existantes, pour la compréhension des crises et de leurs effets sur les parcours.

Ainsi, les contributions attendues pour ces journées pourront s’articuler autour de 3 axes qui peuvent être inter-reliés :

1. Les effets des crises sociétales et transitions induites sur les parcours éducatifs, professionnels

Dans cet axe, nous invitons les chercheurs et chercheuses à explorer l'impact des crises sociétales, voire globales, sur les parcours tant éducatifs que professionnels mais aussi migratoires, ainsi que les transitions qui les jalonnent. Comment ces crises influencent-elles les décisions éducatives, les aspirations professionnelles ? Les poussent-elles vers des transitions inattendues, inévitables ou résultant de reconsidérations des priorités ? Comment les changements redéfinissent-ils les attentes en matière d'éducation, d'emploi ou encore de mobilité géographique ? Quels sont les perdant·es et les gagnant·es face à ces crises ? Les inégalités traditionnellement observées entre les jeunes en début de carrière (selon leur origine sociale, leur genre, leur capital scolaire…) se réduisent-elles ou au contraire s’accentuent-elles ? Quelles ressources permettent aux individus, selon leur sexe, leur classe sociale ou encore leur lien à la migration et leur statut migratoire d’y faire face ? Quelles sont les stratégies et les mécanismes de transition que les individus mettent en place devant les bouleversements provoqués par les crises dans leur vie, notamment professionnelle et éducative ?  Quelles sont les opportunités et les défis liés à ces crises ? Permettent-elles de nouvelles trajectoires éducatives, professionnelles ou migratoire d’émerger ? Comment ces trajectoires sont-elles perçues par les individus, comment impactent-elles leur vie ? Comment traiter les transformations du travail et des organisations en prenant en compte dans les analyses les enjeux écologiques et humains et en pensant aux trajectoires de transition à mettre en place ? Comment les données longitudinales peuvent-elles aider à saisir l’effet d’un contexte de crise sur les parcours individuels ? Quels sont les indicateurs nouveaux à construire et à étudier ?  Comment les événements de crise influencent-ils la continuité de ces parcours et comment saisir empiriquement ce qui constitue les crises et leurs impacts ?

Cet axe met en lumière la nécessité d'explorer les transitions induites par les différentes crises dans les parcours éducatifs, professionnels ou migratoires des individus, tout en examinant les réponses individuelles, collectives et politiques à ces transitions.

2. Confronter les types de données pour l'analyse des trajectoires : alternatives ou complémentarités ?

Les données longitudinales sont essentielles pour aider à saisir la complexité des parcours biographiques dans des contextes de crises. Cet axe se penche entre autres sur les difficultés inhérentes à la mobilisation de matériaux quantitatifs uniquement issus de données administratives pour explorer les moments de transition dans la vie des individus. Ces matériaux supposent d’une part le recours à l'analyse de données longitudinales, mais aussi parfois à une information qui ne peut relever uniquement d’éléments factuels tels ceux présents dans les données administratives. Ils peuvent aussi nécessiter l’articulation de données quantitatives et qualitatives. Nous attendons des contributions qui pourront participer au débat essentiel sur l'opposition ou la complémentarité entre les données administratives et les données d'enquêtes lorsqu’il s’agit de comprendre et d’analyser des parcours (éducatifs, professionnels, migratoires) conjointement avec les parcours de vie (conjugalité, logement, mobilité géographique, parentalité, …). Au regard de la multi-dimensionnalité des facteurs prépondérants dans la construction des trajectoires, quelles données permettent une compréhension fine des mécanismes et des processus à l’œuvre ? Comment tenir compte de la dimension subjective dans la construction des trajectoires, analyser les choix, au regard des aspirations et des opportunités et contraintes ? Cet axe encourage donc également la réflexion sur les avantages et les limites de la combinaison des approches quantitatives et qualitatives pour mieux comprendre la manière dont les crises et les transitions induites impactent les parcours éducatifs, professionnels ou migratoires.

Que permettent les données administratives et les données d'enquêtes en termes d’analyse longitudinale ? Dans quels cas et comment les données administratives et les données d'enquêtes fournissent-elles des compléments mutuels permettant d'obtenir une image plus complète et précise des trajectoires ? Comment gérer les biais potentiels inhérents aux données administratives ou aux données d'enquêtes et comment les surmonter dans l'analyse des parcours ? Comment mettre en œuvre un dispositif de recherche par méthodes mixtes dans une approche longitudinale ? Comment les données qualitatives peuvent-elles aider à approfondir les résultats issus de l'analyse quantitative des trajectoires et réciproquement ? Quelles méthodes d'intégration et de croisement des données peuvent être mises en place pour tirer le meilleur parti des avantages de chaque type de données ?

3.  Évaluation critique des politiques publiques face aux crises

Cet axe met l'accent sur les politiques publiques, ou leur absence, destinées à faire face aux différentes crises et à accompagner, voire encourager, les transitions qu’elles induisent, ainsi qu’à leur évaluation. Les politiques et l’action publiques de manière plus générale sont des instruments d’institutionnalisation du changement ; on ne fait pas de politiques pour maintenir l’existant mais pour le transformer. Pour autant, celles-ci permettent-elles de conduire des changements paradigmatiques de grande ampleur comme ce qu’exigent les transitions qui se dessinent actuellement ? Ou sont-elles dédiées à la seule adaptation incrémentale des logiques d’action et des instruments existants ? Quels choix sont faits face aux crises et aux transitions ? Quelles priorités et arbitrages économiques et sociaux sont réalisés dans la perspective de traiter telle ou telle dimension des crises, avec pour effet possible l’aggravation dans un autre domaine, par exemple, en matière d’inégalités sociales ? Dans ce contexte, comment évolue le rôle des dispositifs publics et des différentes formes d’intermédiation sur le marché du travail sur les comportements et la dynamique des parcours professionnels ?

Dans quelle mesure les dispositifs et les politiques publiques prennent-elles en compte les besoins variés des populations et sont-elles adaptées aux réalités changeantes ? Quels outils de connaissance et d’expertise sont mobilisés ? Sont-ils suffisants ? Comment évaluer l'effet de ces dispositifs et politiques publics actuels en réponse aux crises sociétales, en particulier en matière d’éducation, de formation, du fonctionnement du marché du travail (emploi, chômage, entrée et sortie de la vie active en particulier) ou d’immigration ou d’insertion des migrant·es ? Les situations de transitions, les protections et les besoins d’accompagnement du changement qu’elles supposent constituent-elles pour autant une opportunité pour redonner de l’importance à l’État et aux collectivités territoriales à l’issue d’un cycle pluri décennal marqué par des formes variées de privatisation de l’action publique ? Est-il encore possible de renverser cette tendance ?

Au-delà de ces trois axes, les JDL restent ouvertes aux réflexions méthodologiques pour saisir des parcours dans le cadre de la relation formation emploi. Les communications basées sur des comparaisons internationales seront également appréciées.

Soumission des propositions

Les propositions de communication sont à adresser avant le 18/12/2023 sous forme d’un texte de 5 000 signes maximum. La proposition devra mentionner l’axe choisi parmi ceux proposés, la problématique, la méthodologie, les données ou matériaux exploités, les résultats attendus et quelques références bibliographiques. Le texte sera précédé du titre de la communication, du nom du ou des auteurices ainsi que leurs coordonnées (prénom, nom, appartenance institutionnelle, e-mail, adresse postale, téléphone).

Les propositions sont à déposer sur  : https://jdl2024.sciencesconf.org

Le comité scientifique sera chargé d'évaluer les propositions. Si votre proposition est retenue, un texte finalisé sera attendu pour le 01 mars 2024. Il sera publié dans les actes du colloque dans la collection Céreq Echanges. Cela nécessite un calendrier serré et des consignes éditoriales qui devront être respectées afin de pouvoir diffuser ces actes en amont du colloque. Les consignes rédactionnelles sont d’ores et déjà disponible (cf ci-dessous). La publication Céreq Echanges est désormais accessible sur OpenEdition. En transmettant leur texte, les auteurices acceptent cette diffusion.

Calendrier

  • Date limite de soumission des propositions : [01 décembre 2023]
  • Notification d'acceptation : [22 janvier 2024]
  • 1e version texte finalisé : [01 mars 2024]
  • Date du colloque : [24-25 juin 2024]

Nous sommes impatient·es de vous accueillir aux 29e Journées du Longitudinal pour des discussions approfondies, des échanges fructueux et une exploration riches du rôle des données longitudinales autour de ce thèmes des crises et des transitions. Votre participation est cruciale pour faire de cet événement un succès.

Pour toute information complémentaire, veuillez nous contacter à jdl2024@lest.fr.

 

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